Si je vous donne des oeufs, du beurre, de la farine, de la crème fraîche et du fromage râpé, vous me cuisinez...? Bah oui, une quiche. Tel est le plat étonnamment ordinaire imaginé pour le couronnement du futur roi d'Angleterre.
Dévoilée lundi par le palais de Buckingham, la «Quiche du couronnement» (oui, il y a une majuscule, on parle quand même d'une tourte royale) est un hommage à l'amour immodéré de Charles pour les oeufs et le fromage.
Sans oublier un clin d'œil subtil à son hobby de toujours, le jardinage. Epinards, fèves et estragon agrémentent en effet cette appétissante «quiche profonde à la pâte croustillante et légère, aux saveurs délicates», ainsi décrite amoureusement sur le site Web de la famille royale. Nous sommes invités à la déguster «chaude ou froide, avec une salade verte et des pommes de terre nouvelles bouillies».
Alors non, ne vous attendez pas à des distributions de quiche aux épinards gratuites devant les grilles de Buckingham Palace, le 6 mai prochain. Il ne sera sans doute pas non plus servi à Charles et à ses invités, lors de la ripaille post-cérémonie.
Dévoilée sur la page officielle des royals, LA quiche est une invitation aux sujets britanniques à se réunir, tout au long de ce week-end férié, pour célébrer le «Coronation Big Lunch», lors de piques-niques, déjeuners et autres rassemblements à travers le pays.
D'où l'apparente simplicité de ce plat de sacre, choisi «personnellement» par Charles et Camilla: une tarte salée aux ingrédients faciles à se procurer, relativement accessible de préparation, et surtout, pratique à emporter et à partager.
Mis en appétit par la perspective de ce Big Lunch d'envergure nationale, tous les médias britanniques y vont déjà de leurs propositions de recettes et autres inspirations culinaires patriotiques: scones, rouleaux de saucisse, sandwichs au concombre ou à la marmelade, gâteau de meringues en forme de l'Union Jack ou encore le célèbre eton mess, la coupe aux fraises et à la crème fraîche. Bref, tout le meilleur - et le pire - de la gastronomie britannique.
Reste à savoir si la quiche raisonnera aussi fort dans le coeur et l'estomac des Britanniques que le plat signature du couronnement de la Reine: le fameux «Poulet Reine Elizabeth», aussi connu sous le nom de «Poulet du Couronnement».
Pour la petite histoire, ce mets a été servi le 2 juin 1953, à deux heures tapantes de l'après-midi, aux quelque 350 dignitaires venus pour le couronnement de la jeune Reine. Le Grand Hall de Westminster disposant d'installations de cuisine limitées, le menu est imaginé dans «un souci de praticité» et doit être adapté à un «grand nombre d'invités aux goûts variés et inconnus», selon les mots de son concepteur, l'auteur culinaire Constance Spry.
Le concept est simple: du poulet poché tout entier dans de l'eau, puis enrobé d'une onctueuse sauce au curry (une inspiration indienne, encore sous le joug du Royaume-Uni à l'époque).
Pour ce qui est de la sauce, accrochez vos estomacs: outre les très classiques oignons hachés, poudre de curry, purée de tomate, vin rouge et feuille de laurier, elle contient également de la purée d'abricot et de la crème fouettée.
Il ne vous étonnera pas d'apprendre que cette version alternative de notre riz Casimir helvétique est devenue un véritable classique de la gastronomie britannique, au cours des 70 dernières années.
Aujourd’hui, on le dégote en barquette dans les supermarchés, en garniture dans les sandwichs ou encore présenté sur les mauvais buffets (c'est pas nous, mais le Daily Telegraph qui le dit).
Parmi les autres bizarreries, spécialités culinaires imaginées à l'occasion de grandes fêtes royales, nous ne résistons pas au plaisir de vous évoquer le «Poulet du Jubilé d'or», en 2002: un poulet cuit au four enduit d'un mélange de crème fraîche, mayo, citron vert et gingembre, servi avec une salade de pâtes et des quartiers de citron vert.
Ni le «Pudding du jubilé de platine», en 2022. Grand vainqueur d'un concours organisé à l'échelle nationale, ce triffle se compose notamment de marmelade d'orange, de lemon curd et d'amaretti.
«Bon appetit!» comme diraient les Brit'.